En situation de séduction (et ailleurs), il peut arriver que le désir ne soit pas partagé. Aujourd’hui j’aimerai t’expliquer pourquoi apprendre à accepter un refus avec grâce pourrait rendre ta vie plus agréable et tous nous emmener vers un monde meilleur.
Déjà la première raison me semble toute bête, elle te concerne à un niveau très direct : est-ce que tu veux vraiment de quelqu’un qui n’a pas envie d’être là ? Quand on en vient à passer du temps avec quelqu’un ou à se mélanger avec, ce qui rend les choses agréables c’est que toutes les parties impliquées sont enthousiastes.
Sérieux, tu as déjà été au ciné, au resto ou en vacances avec une personne qui n’avait pas envie d’être là ?
Ton quotidien sera plus agréable et ton estime de toi se portera mieux si tu consacres ton temps à des gens qui sont ravis et enthousiastes à l’idée de te voir.
Il peut y avoir des zones de flou des fois, mais généralement il est facile d’être fixé sur les sentiments des gens : il suffit de leur poser la question.
Allons dans le concret et admettons que tu ai du désir pour une personne, sans savoir si le sentiment est partagé. Si tu fais la lumière sur tes sentiments en proposant, que ton interlocuteur fait la lumière sur ses propres sentiments en refusant, normalement c’est réglé. Il ne t’es plus possible de croire à une interaction, parfaite et fantasmée où vous vous retrouvez dans une explosion de passion. Tu sais que ça ne va arriver, autant passer à autre chose.
Et l’argument du « oui mais mon désir est si puissant et si sincère / mes sentiments si purs / ma bienveillance si évidente que cette personne finira par me rendre mon amour » n’est pas recevable. Cet argument suppose que le monde se plie à tes désirs, ça ne marche pas comme ça.
Passer outre un refus et insister, c’est partir du principe que la personne qui vous a dit non va changer d’avis, que cette personne n’est pas capable de former une décision juste, c’est penser que vous savez mieux que l’objet de vos attentions ce qui est bon pour lui. C’est traiter l’autre plus comme un objet que vous aimeriez soumettre à vos propres désirs que comme un sujet dont vous respectez les limites. Ne fais pas ça, c’est vraiment moche.
N’agitez pas non plus en étendard l’amour que vous portez à l’autre et qui vous ferait perdre la raison. Être capable de contrôler ses pulsions c’est ce qui nous distingue des animaux.
Vous le savez parce que vous vivez au quotidien avec une foule d’usages et de règles tacites qui vous simplifient la vie. Normalement vous ne dormez pas sur la table au boulot, vous ne tapez pas la personne qui vous coupe votre place dans la file à l’aéroport et vous n’ouvrez pas non plus tous les paquets de sucrerie pour les manger assis au milieu du rayon quand vous faites les courses.
Mais quid du processus de séduction et de ces gentlemen rêvés dont le cinéma nous abreuve qui sont capables de faire la cour à une femme pendant des mois me diras-tu ? Je pense qu’ils ont reçu quelques encouragement, et que sinon ce sont un peu des connards (en pratique le schémas hétéronormé n’est pas le seul à s’appliquer et tout le monde peut poursuivre tout le monde, et donc se qualifier comme connard. Attention votre genre ne vous exempte pas)
Pour le dire autrement : fréquenter et essayer de séduire une personne qui voit votre entreprise d’un oeil positif, c’est une chose. Ça s’appelle faire sa cour, apprendre à se connaitre « dater », fréquenter. Y’a plein de mots pour le fait de se consacrer mutuellement du temps et des attentions dans l’espoir d’établir un truc par la suite, que ce soit sexuel, romantique, amical, professionnel. PAR CONTRE poursuivre de ses assiduités quelqu’un qui n’est pas favorable à cette idée en espérant que cette personne cède à vos attentions répétées, c’est malsain. Se tenir à l’affut d’un moment de faiblesse où votre cible vous tombera dans les bras, c’est de la manipulation, des fois aussi du harcèlement. C’est la base d’un comportement prédateur.
Négocier ou quémander ne sont pas non plus des alternatives acceptables. Dans tous les domaines qui ne sont pas celui des relations humaines, négocier est certainement utile. Pour obtenir les meilleures conditions possibles, le meilleur prix… Okay. Pour les attentions et l’affection de quelqu’un, je te renvoie au paragraphe un : tu veux pas d’une personne qui n’a pas envie de toi.
Dire le contraire, c’est partir du principe que l’action mécanique de baiser est plus importante que l’interaction humaine et l’experience personnelle qui va avec. Si c’était vraiment le cas, se masturber devrait suffire. Quite à impliquer un autre humain, faisons ça bien et prenons des gens avec nous qui seront enthousiastes.
« Viens on fait ça vite et ensuite je te laisse tranquille », c’est un rapport obtenu sous pression/contrainte. On parle de viol.
« Allez juste une petite branlette au moins« , c’est pas franchement mieux.
Enfin, et c’est le passage optimiste, on peut libérer le Oui en respectant le Non. Il faut qu’on accepte qu’à force de répandre la légende qui dit qu’une femme bien doit dire non avant de dire oui, et qu’un homme doit dépasser les répugnance de sa cible pour obtenir du sexe, on empêche les femmes de dire oui joyeusement et librement, et que ça fait emmerde tout le monde.
Le secret, c’est que nous aussi on a envie de baiser, mais on a moins (voir pas du tout) envie de baiser si on sait que c’est avec un connard / que notre réputation va en souffrir / que des circonstances fâcheuses en général pourraient en découler.
Du coup, si la pression des personnes indésirables qui insistent se relachait, ça deviendrait beaucoup plus facile de dire oui à ceux qu’on désire effectivement. Et ça, ça c’est un truc que j’ai vraiment envie de voir arriver.
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