J’ai eu pendant longtemps énormément de problèmes à dire ce que je veux au lit. Que ce soit dans le feu de l’action ou en dehors, si j’avais envie de dire plein de choses, j’étais pour autant incapable de prononcer quoique ce soit.
Je me rappelle à plusieurs reprises avoir tourné les mots dans ma tête, avoir une phrase prête à être dite, et être incapable de la laisser sortir. Aujourd’hui j’ai laissé l’essentiel de cette pudeur derrière moi et j’aimerai partager avec vous pourquoi, d’après moi, il est crucial que vous ne restiez pas bloqués de la même façon.
La première raison est absolument cruciale : vous et votre partenaire devez pouvoir exprimer un consentement clair, et le retirer au besoin. Bien sûr il est possible d’avoir un rapport sexuel sans prendre un moment et s’assurer verbalement du consentement de ses partenaires. Il est en effet possible de donner un consentement non verbal, par des gestes, des sourires, en rendant avec enthousiasme leurs caresses à vos camarades de jeu, mais admettons qu’à un moment vous vous sentiez moins bien, que quelque chose vous fasse physiquement mal ou qu’un geste ou une attitude de votre partenaire vous mette mal à l’aise. Vous devez alors être capables de communiquer sur ce malaise que vous ressentez pour vous permettre à tous les deux soit de vous arrêter, soit de régler le problème.
En toute franchise, je pense que si vous n’êtes pas capable de dire « ça, je ne veux pas », faire du sexe n’est peut être pas une bonne idée.
Et il n’y a pas de drame. On a tous le droit de se sentir fatigué, anxieux ou vulnérable et de ne pas être tout à fait capable de communiquer dans la fluidité avec une autre personne. Ça peut revenir demain, dans 5 minutes ou le mois prochain. Ou peut-être vous ne vous sentez pas encore en mesure de le faire du tout, et c’est pas grave. Il n’y a pas de raison de brusquer son premier rapport, franchement. Par contre y aller sans pouvoir PARLER dans le feu de l’action, ça risque de générer des problèmes.
Une autre raison pour laquelle je suis heureuse de pouvoir enfin m’exprimer en situation sexuelle, c’est pour guider mes partenaires vers ce que j’aime, et leur demander ce qui leur plaît. Clairement, je ne connais pas de moyen plus direct pour guider les autres vers le plaisir (le vôtre et le leur) que de planter de bons gros panneaux « c’est par là ». Ça peut sembler trivial mais être capable de dire « là ça me ferais super plaisir que tu caresses/embrasses/morde/titille ici » va vous simplifier l’accès au bonheur. C’est particulièrement vrai avec des partenaires inexpérimentés, mais ça l’est de toute façon.
Outre ça, je trouve qu’il y a quelque chose de fondamentalement égocentrique et irréaliste à faire reposer sur l’autre la responsabilité de trouver tous vos boutons. Pour schématiser : toi, ton corps, tu vis avec. Donc ça serait gentil de faire la visite guidée aux nouveaux venus.
Enfin, et c’est, à mes yeux de meuf pour qui les mots ont un effet de folie, peut être la raison la plus importante, celle qui peut vraiment vous emmener au nirvana : la connexion. Parce que le sexe, au delà de l’aspect biologique et mécanique très simple qui fait que ça gratte là où c’est agréable, c’est un échange entre deux personnes.
Et cet échange peut grandement gagner en intensité si vous vous dites des choses en même temps. Que ce soit un roleplay élaboré où tout le monde connaît à fond son personnage ou juste l’expression spontanée de votre joie, il y a des choses qui sont littéralement bonnes à dire.
J’aimerai éviter de vous donner des conseils à ce niveau parce que la spontanéité c’est important et que c’est avec vous que votre partenaire a envie de faire des choses, c’est donc ce que vous avez à dire qui compte. Cela dit Rome ne se construit pas en un jour et si vous en avez besoin, voilà un tuyau. Il ne porte pas sur des mots ou un ton à utiliser, mais sur les sujets à couvrir, du plus informatif et anodin au plus moite : je me rappelle avoir été crescendo dans ce que j’étais capable de dire sans rougir, en commençant par exprimer mon enthousiasme (ce que tu fais là est bon) avant d’aller à des choses plus affirmées comme « je veux ça », et plus tard le roleplay.
Il m’a fallu six mois pour réussir à dire à mon compagnon de l’époque « dis moi que je suis ta petite salope ». Notre relation était pourtant aimante, joyeuse, tout ce qu’il y a de plus saine, et notre sexualité quelque part dans ces sommets qu’on atteint quand on est jeunes, vigoureux, et qu’on s’est tournés autours vachement longtemps.
Je crois que j’ai réussi à lui dire spécifiquement lorsque j’étais allongée sur le ventre et qu’il était sur moi, parce que de cette façon je n’aurais pas à croiser son regard en prononçant les mots fatidiques.
Je suis là pour vous dire que le monde ne s’est pas arrêté de tourner. Et ce fantasme là est important pour moi donc je ne regrette pas une seconde d’avoir amené le sujet.
Je pense aussi que trouver sa voix, son lexique, son flow est important. La première fois qu’on prononce un mot, on se sent toujours un peu gauche. Vous pouvez, si vous penser que ce sera plus facile, opter pour des périphrases ou des formulations un peu détournées. J’en viens à penser cependant que le meilleur moyen de se faire comprendre est de ne pas avoir peur d’appeler une bite une bite, et de formuler vos désirs de la façon la plus claire possible, quitte à rougir un peu…
J’espère que vous aurez plus de courage que moi et que vous ne vous priverez pas de toutes les joyeuses choses que la parole peut apporter, et on parlera bondage et baillons un autre jour. Je sais qu’avec un bâillon on ne peut pas parler mais ça reste très festif quand on aime ça.
Merci pour ces mots, pas toujours si facile, si simple de dire, en effet….
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les mots sont un éléments essentiel au même titre que la bouche les doigts et le sexe, parler dire des fantasmes pendant l’amour peut amener l’autre très très loin, c’est en effet un puissant piment et une connection absolue, on le dira jamais assez avec des mots 🙂
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